« Regarde-moi... Regarde-moi ! »

L'esquisse de ton ombre caresse mes entrailles... Impuissante poupée de chair, je demeure face au miroir qui distingue nos songes… Les traits de ton visage paraissent bien là. Je fais face à mes plus grandes peurs… Je fais face à mes pires démons. Je fais face à mes pires cauchemars. Et pourtant ma réflexion n'est qu'acte de mon existence : j'existe. Oui j'existe. Et ni vie, ni mort ne sont en mesure d'en séparer l'acte de ma seule évidence. Emerveilles et songes d'une triste lumière veillent. Et parfois le temps défile, et parfois le temps s'exprime… S'en vient besoin de tout accomplir.

Tirée de ma rêverie, je soufflais à la nuit. De longues heures m'ont guidée en un lieu à cette heure désert. Un soupire s'évade de mes lèvres alors qu'une pâle condensation s'en évade, se mêlant à l'air ambiant, distingué de quelques lumières allumées pour les adorateurs de l'entraînement nocturne. Cette image semble mûrir en mon être et aviver de doux et agréables souvenirs. Sourire éploré naquit aux rosées fines des commissures de mes lèvres. Miroitant l'alentour, j'en découvrais un monde qu'est le miens, et qui ne me parait évidence en chaque observation… Tout parait frais et archaïque au terme d'une violente mésentente que produit une perception aveuglée de sensations…

Parcourant l'échine du bout des ongles, d'abord du bras droit, puis du gauche, mes doigts s'attachèrent à une pochette de mon arrière, disposant d'un kunai. D'un flegmatisme certain, quelques sauts se produisent de la lame, parcourant d'une rive à l'autre tandis que ma nuque craque frugalement, sur la fin de mes étirements, stoppant mon jeu de jongle pour me séparer de ma veste, revêtant une chemise à carreau épaisse, ouverte sur un débardeur qui plonge légèrement en une gorge attrayante, bien qu'habilement dissimulée par un ensemble ne poussant qu'à une recherche maladroite, suivi d'une ceinture sombre maintenant mon pantalon de même couleur, d'une matière assez élastique pour se mouvoir, tout en restant un minimum habillée, s'achevant sur une paire de bottines.

Un lancer franc et direct, allant se loger au creux d'une cible, non loin de son cœur, sans pour autant y être. C'est un fait. J'ai beau faire l'effort, l'effort ne veut pas de moi. Une grimace légère s'exprime tandis que je tends le poignet pour en dégager une lame formée d'os et continuer mes lancés. Le sixième était presque juste. Sur une dizaine. Avant que je ne me déplace pour aller récupérer mes projectiles. Maladroitement, les décroche et me replace à bonne distance. Et puis ça continue. Un bon quart d'heure.

Trois réussites, pour quelques perles de sueurs s'égarant à mon minois… Quel échec. Comme à chaque fois, m'en vient volonté de m'approprier quelque chose qui me correspond plus, plus proche de la danse. Le combat ninja au corps à corps, le Taijutsu… Laissant mes pas me guider à un tronc d'arbre qui semble faire ici office de bouc-émissaire. Les coups s'enchaînent… De bas en haut et de haut en bas. La danse m'aide à garder un équilibre certain dans mes mouvements, et m'offre cette performance contrastée entre violence et élégance. Bien que les deux peuvent en soit ne faire qu'un…

C'est là que mes songes m'ont dirigée. La danse m'apporte de la stabilité dans l'art ninja. Ce qu'il en résulte de mon clan me rends plus résistante… Alors… Mais est-ce là tout ? En bonne logique, le gène que je possède me permet de convertir mon chakra en calcium. De façon à augmenter, modifier ma masse osseuse… Donc il est envisageable que cela puisse m'aider en combat… La nuit se défile. Entre tentatives, j'essaye de concentrer mon chakra sur mes pieds, comme pour grimper aux arbres, mais pour y faire croître très légèrement mes os de façon à pousser leur ergonomie. A l'aube, je me suis retrouvée avachie contre le tronc d'arbre qui a subit mes violences, cependant, tout a le mérite d'être clair dans ma tête. Si je concentre mon chakra d'une certaine façon dans mes pieds, je peux me déplacer beaucoup plus facilement, avec plus d'équilibre. Un sourire blême naissait à mon minois.

Finalement. Même si je suis un ninja. Je n'en demeure moins une danseuse.